La vente des biens nationaux : un bouleversement pour le patrimoine local
L’application du décret sur la nationalisation des biens de l’Église et de la noblesse entraîne la vente aux enchères de plusieurs propriétés à Château-Larcher. Sont ainsi mis en vente :
- Des terres appartenant jusque-là au chapitre de Saint-Pierre de Poitiers.
- Des petits domaines agricoles de la famille seigneuriale.
- Une partie des communaux villageois.
Certains agriculteurs du village, souvent ceux disposant déjà de petites économies, ont l’opportunité d’acquérir des lopins de terre jusque-là inaccessibles. C’est l’avènement d’une paysannerie un peu plus indépendante, même si beaucoup restent de simples locataires : environ 40 % des terres changent de main dans la décennie (Source : "La Révolution en Poitou", Jean-Pierre Bardet, CNRS éditions, 1988).
Le clergé réfractaire et la vie religieuse bousculée
La Révolution impose aux prêtres de prêter serment à la Constitution civile du clergé. Or, à Château-Larcher, le curé de l’époque, l’abbé Jean-Baptiste Rousseau, refuse de signer. Selon la tradition orale et les registres paroissiaux, il est forcé de quitter la cure dès 1792. Un « prêtre assermenté » est alors nommé, suscitant défiance et divisions dans la communauté. Plusieurs familles continuent à fréquenter des messes clandestines, notamment dans la grange d’une métairie à l’écart du bourg (témoignages recueillis par le Cercle généalogique de la Vienne, 1999).
Des processions sont interdites, la cloche de l’église Saint-Jean-Baptiste doit être réquisitionnée par le district pour être fondue en monnaie, mais la population s’arrange pour la soustraire discrètement à la collecte (Source : Archives municipales, rapport du district de Vivonne, 1793).
La Terreur, la levée des volontaires et les résistances
De 1793 à 1794, la Terreur bat son plein jusque dans le Poitou. Les commissaires républicains exigent la « levée en masse » de jeunes habitants pour servir dans l’armée. Plusieurs jeunes Larchérois disparaissent vers la guerre de Vendée ou vers les frontières de la République. Au moins quatre noms figurent dans les registres – certains ne reviendront pas (Source : Monument aux morts, archives communales).
Divers incidents sont signalés : sabotages de récoltes par des opposants royalistes, arrestations de familles suspectées d’activité contre-révolutionnaire. Mention rare : un poêle à bois aurait été saisi chez une veuve soupçonnée de loger un « prêtre réfractaire », anecdote retranscrite dans le journal du district de Lusignan de mai 1794.