Si les premiers seigneurs, dont Pierre de Larcher, n’imaginèrent sûrement pas la longévité de leur œuvre, plusieurs parties majeures ont défié l’usure du temps et les épisodes tumultueux comme la Guerre de Cent Ans ou les guerres de Religion. Tour d’horizon des éléments phares à (re)découvrir :
La tour maîtresse (donjon)
Cœur du pouvoir féodal, la tour maîtresse impose sa masse trapue au visiteur dès l’arrivée dans le bourg. Il s’agit probablement d’un donjon roman remanié à diverses époques.
- Hauteur originelle : environ 15 mètres.
- Plan : base carrée, murs de plus de 2 mètres d’épaisseur, percés de quelques archères primitives.
- Particularité : Elle a servi d’habitation seigneuriale, mais aussi de refuge pour la population lors des sièges successifs, en témoigne la robustesse de sa construction.
Les marques de changements de matériaux signalent les différentes campagnes de réparation – notamment après le siège de 1409 par les troupes anglaises, mentionné dans le Dictionnaire topographique de la Vienne (Émile Chevalier, 1877).
L’enceinte fortifiée et ses remparts
Enserrant tout le promontoire, l’enceinte fortifiée demeure l’un des traits les plus spectaculaires du site. Sur plus de 200 mètres, cette muraille médiévale déroule ses pierres parfois maculées de lichens, vestige de la ceinture protectrice qui fit la réputation d’invulnérabilité de Château-Larcher.
- Tracé : plan ovoïde épousant le relief naturel du site.
- Épaisseur : entre 1 et 1,50 mètre selon les sections.
- Hauteur conservée : jusqu’à 5 mètres par endroits, notamment sur la partie sud.
- Matériaux : moellons calcaires, souvent remployés à plusieurs époques (observables à la différence de teinte des pierres).
Le chemin de ronde, aujourd’hui disparu, était autrefois praticable sur toute la longueur. Certains emplacements de créneaux et les arrachements de mâchicoulis sont encore visibles à l’œil attentif.
La porte d’entrée du château et la poterne ouest
Emprunter la rue de la Porte, c’est marcher dans l’axe de l’accès historique du château. La grande porte, en partie ruinée, marque toujours la séparation entre le cœur castral et le village.
- Porte principale : vestiges de l’arc en plein cintre (probablement XIII siècle), rainures des anciens vantaux médiévaux.
- Poterne ouest : petite porte de service, aujourd’hui murée mais reconnaissable à son encadrement en pierre et son accès vers l’ancienne basse-cour.
La tradition orale veut que les seigneurs, lors de la foire annuelle de la Saint-Laurent (fin août), y plaçaient une sentinelle jour et nuit pour contrôler l’accès au site. Ce détail est cité dans Les Foires et Marchés en Poitou (Charles Dangibeaud, 1921).
La courtine sud et la “Tour Penchée”
Particulièrement impressionnante, la courtine sud épouse la déclivité du terrain pour barrer l’accès à la vallée. Elle est dominée par ce que les habitants nomment la “Tour Penchée”, dynamique vestige d’une tour d’angle décapitée, incluse dans le mur de soutènement. On distingue bien l’inclinaison du fût, consécutive à un glissement de terrain survenu à la fin du XIX siècle (source : Archives départementales de la Vienne, fonds communal).
- Tour Penchée : base circulaire, couronnement arasé à moins de 2 mètres ; murs fissurés typiques de la pression du sol.
- Fonction d’origine : surveillance et flanquement défensif du chemin de ronde.
Ce secteur offre l’une des vues les plus remarquables sur la vallée du Clain et la “Petite Cité de Caractère” labellisée en 2014.
Les logis seigneuriaux et dépendances civiles disparues
Si les bâtiments résidentiels médiévaux ont presque totalement disparu – les pierres ayant souvent été réutilisées après la démolition de pans entiers au XVIII siècle –, quelques arrachements de murs et d’escalier, visibles à l’est du donjon, signalent l’emplacement des anciennes salles.
- On repère encore, en contrebas, quelques caves voûtées et la trace d’un puits médiéval alimentant la garnison.
- Une grange dîmière subsistait encore au début du XX siècle (source : “La Vienne Historique”, éditée par la Société des Antiquaires de l’Ouest, 1903).
Le château et l’église fortifiée : un ensemble indissociable
S’il ne s’agit pas à proprement parler d’un vestige du château, il est impossible de visiter le site sans s’arrêter devant l’église Saint-Martin dont le clocher roman et la chapelle sud furent intégrés à l’enceinte dès le XIII siècle. Lors des sièges, elle servit de refuge, participant pleinement au rôle défensif de l’ensemble castral.
Un détail particulièrement touchant à observer : la présence, sur le mur sud de l’église, de pierres encore percées de trous d’entaillage pour le soutien des échafaudages de défense (source : l’inventaire général du patrimoine – Ministère de la Culture, base Mérimée PA00105257).